Longtemps réglées par la graphie arabe, les créations de Mahjoub Ben Bella n’en ont conservé peu à peu que le matériau pictural, donnant à voir une oeuvre dense qui s’inscrit dans un double héritage : celui de la calligraphie arabe et de la peinture européenne. Qu’il joue sur la profusion des motifs ou sur les performances de sa gamme chromatique, l’artiste crée un constant et minutieux dialogue du signe et de la couleur.

Mahjoub Ben Bella est né en 1946 à Maghnia (Algérie)

Après des études à l’école des Beaux-Arts d’ Oran, il vient s’installer en France afin de pouvoir suivre ses études. D’abord à l’école des Beaux-Arts de Tourcoing, puis à l’école des Arts Décoratifs à Paris et enfin à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris.

Il participe aux activités de l’Atelier de la Monnaie entre 1969 et 1976.

De 1978 à 1980, il enseigne à l’école des Beaux-Arts de Cambrai.

Ben Bella est le pouls de Nord de la France. Son rôle dans la cité est important, il est le grand organisateur et le magicien du champ visuel de la région. En effet, ce décorateur d’espace a peint 12 km de pavés, ensoleillant ainsi «l’enfer du Paris-Roubaix». Il a aussi habillé de ses pinceaux 400 m2 de façades au cœur de la ville de Lille.

Pas de manifestations publiques sans lui : théâtres, ballets du Nord, institutions locales, etc. Il est le peintre auquel on fait référence et appel quand la cité perd ses couleurs.

Mahjoub Ben Bella s’est enrichi de son exil, sans renier sa culture d’origine, il s’engage dans la version occidentale de l’art. C’est en revendiquant ce double héritage, qu’il peut définir son propre espace, le lieu aussi bien mental que physique, de son nouveau séjour.

Importer dans la peinture, une graphie immédiatement perçue comme étrangère, c’est travailler l’entre deux, c’est créer une tension féconde entre le visible et le lisible, ainsi l’écrit se donne à voir tandis que le peint se donne à lire. Les signes de Ben Bella s’éloignent d’une graphie initialement réglée par l’écriture arabe, chaque toile est ainsi une aventure inédite, un espace ou l’artiste réinvente le peinture, la régénère.

La calligraphie est détournée de sa fonction première et ré approprié sous une forme plastique. L’artiste crée ainsi un constant et minutieux dialogue entre le signe et la couleur. C’est parce que demeure, à la source de chacune de ses interventions, une énergie intacte qui le pousse à ne pas satisfaire ce qu’il a déjà acquis.

L’artiste expose régulièrement depuis 1970.

Mahjoub Ben Bella est également représenté dans une dizaine de musées et collections publiques.

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